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Tableau : Portrait du général Lamarque (n° 1)
France > Nouvelle-Aquitaine > Landes > Saint-Sever
Historique
Jean-Maximilien (ou Maximien) Lamarque (Saint-Sever 1770 - Paris 1832), fils d'un avocat au parlement et procureur au sénéchal de Saint-Sever, neveu d'un prieur des Jacobins de Saint-Sever devenu grand-vicaire de l'évêché d'Aire, appartenait à l'une des familles de notables les plus fortunées de la cité chalossaise. Installé à Paris en 1790 pour y achever ses études, il s'engagea en 1792 dans les armées de la République et y fit une carrière rapide, accédant successivement aux grades d'adjudant-général chef de brigade (14 mai 1795), de général de brigade (6 mars 1801) puis de général de division (6 décembre 1807). Sa conduite à Naples auprès de Joseph Bonaparte et de Murat, puis sa brillante contribution à la victoire de Wagram lui valurent la croix de grand officier de la Légion d'honneur (21 juillet 1809) et le titre de baron d'Empire (4 juin 1810). Rallié aux Bourbons à la Restauration, il suivit Napoléon pendant les Cent-Jours, ce qui entraîna son exil (en Belgique puis en Hollande) au retour de Louis XVIII. Rentré en France en 1818, il fut mis à la retraite par Charles X en 1830. Ses convictions libérales firent de lui une figure de ralliement pour l'opposition républicaine, et ses obsèques (après sa mort du choléra à Paris le 1er juin 1832) furent le prétexte d'une insurrection populaire noyée dans le sang par la monarchie de Juillet.
La brillante carrière du général Lamarque, qui l'éloigna de sa terre natale pendant deux décennies, ne l'empêcha pas d'arrondir et de faire fructifier son domaine chalossais dès 1810. Après son retour d'exil en 1818, il s'engagea activement dans la vie politique landaise. Son élection comme député de la circonscription de Saint-Sever en 1828 fit de lui le chef de l'opposition locale à la Restauration. Sa mémoire reste présente en Chalosse, comme en témoignent sa chapelle funéraire dans le village d'Eyres-Moncube et son monument commémoratif par Félix Soulès sur la butte de Morlanne à Saint-Sever (1896, refondue en 1955).
Le portrait ici étudié, comme l'indique le cartel sur son cadre, fut offert à la Ville par "M. Bonnet", c'est à dire Joseph Jean Bonnet (1854-?), héritier des Lamarque par sa femme Nathalie Escalier (1856-1938), petite-fille du général par son fils naturel Alfred Escalier. L’œuvre est datable par l'âge apparent du modèle, et surtout grâce aux détails de l'habit et des décorations. Lamarque porte en effet l'uniforme de général de division, reconnaissable aux deux branches de chêne brodées au collet et aux parements (l'habit de général de brigade n'en comporte qu'une). La croix de la Légion d'honneur est du "troisième type" (à pointes non pommetées), en usage de 1806 à 1808 ; le général, chevalier le 11 décembre 1803, avait été fait commandeur le 14 juin 1804 et ne devait obtenir la plaque de grand officier (absente ici) que le 21 juillet 1809. La plaque de l'ordre des Deux-Siciles, institué le 23 février 1808 par Joseph Bonaparte comme roi de Naples, fut accordée à Lamarque lors de la première promotion. Ces données croisées permettent de dater l'exécution du tableau entre février 1808 et juillet 1809. Il est donc possible qu'il ait été réalisé à Naples, où le général, chef d'état-major des rois Joseph et Joachim, résida jusqu'en 1809. La prise de Capri sur les Anglais en décembre 1808, le fait d'armes le plus éclatant de Lamarque en Italie, fut peut-être l'occasion d'immortaliser les traits du grand homme. Si l'hypothèse est exacte, le plan, à la vérité assez indistinct, que tient le modèle pourrait évoquer l'île conquise. Le style de la peinture, en outre, présente des traits communs avec celui de portraitistes actifs à la cour parthénopéenne des Napoléonides, tel Giuseppe Cammarano (1766-1850).
La maison du général Lamarque à Saint-Sever conservait autrefois un "petit uniforme" et un "grand uniforme" de général de division provenant de sa succession, qui furent vendus à Bordeaux en 1992, puis à nouveau à l'hôtel Drouot à Paris le 18 novembre 2009. Le "grand uniforme" (aujourd'hui au musée de l'Armée) pourrait être celui-là même dont est ici revêtu l'officier. La même collection conservait encore d'autres portraits du général, par son fils Louis (1799-1860), par André Dutertre (1753-1842), membre de l'Institut d'Égypte, et par Charles-Émile Callande de Champmartin (1797-1883) (G. Espinosa-Dassonneville, Maximien Lamarque : un général en politique, 2017, p. 18).
Détail de l'historique
Description
Toile à tissage serré et régulier, en un seul lé, tendue sur la rive d'un châssis à montant et traverse médians ; sans préparation ; facture lisse, presque sans empâtements ; cadre en bois doré à la mixtion sur apprêt crayeux, à coupes d'onglet aux angles.
Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Landes , Saint-Sever , 1 rue de l'Hôtel de ville
Milieu d'implantation: en ville